Longtemps consommée pour ses vertus aphrodisiaques, l’huître est pourtant tout sauf appétissante. Visqueuse, iodée, parfois laiteuse… Elle donne peu envie de prime abord et inspire souvent un questionnement : « qui a bien pu avoir l’idée d’en manger le contenu pour la première fois ? ». Heureusement, l’Histoire nous donne des indices !
Qui a eu l’étrange d’idée de manger une huître pour la première fois ? Qui a eu la force d’ouvrir la coquille, pourtant bien solide, puis a su se laisser tenter par l’idée de consommer ce drôle de mollusque ? Pour le savoir, un retour en arrière s’impose ! Alors, faisons ensemble un bond il y a 165 000 ans, au tout début de l’histoire de l’huître !
L’huître, une origine qui remonte à la Préhistoire
Le célèbre coquillage a fait tout au long de l’histoire de nombreux adeptes, et ce, dès la Préhistoire. En effet, les archéologues ont retrouvé des coquilles sur les sites de recherches du littoral jusqu’en Chine. Une découverte qui suppose que l’huître faisait déjà amplement partie de la consommation des Néanderthaliens. Ainsi, ce serait eux qui auraient eu l’idée de tester l’huître pour la première fois… Mystère résolu ! Mais l’histoire de l’huître ne s’arrête pas là !
C’est en Grèce antique que le mollusque devient particulièrement appréciée. La raison ? On disait (aujourd’hui encore d’ailleurs !) que l’huître possède des vertus aphrodisiaques. Une fois son contenu consommé, les Grecs utilisaient la partie plate de la coquille comme bulletin de vote. Ils y notaient le nom de l’homme politique qu’ils souhaitaient bannir de la Cité. C’est de là que vient le terme « ostracisme », un dérivé de « ostrakon » soit « coquille ».
Puis, c’est dans la Rome antique que l’huître devient le produit de luxe que l’on connaît aujourd’hui. Il faut dire qu’il n’était pas toujours simple de faire venir le coquillage jusqu’à la table de repas tout en le conservant frais. Les Romains les importaient alors de Gaule, ce qui faisait un sacré chemin. Pour pallier cela, le sénateur Sergius Orata organisa des parcs à huîtres dans le lac Lucrin (depuis devenu un marais) et débuta un commerce bien lucratif.
Pourquoi mange-t-on des huîtres pendant les mois en « r » ?
Les siècles passent mais les huîtres ont toujours autant de succès. Si elle est vendue à prix d’or sur les marchés parisiens, l’huître est un aliment dégusté régulièrement par les populations côtières pauvres. Ces dernières profitent de la cueillette sauvage et les dégustent dans des ragoûts.
Si la vente d’huître à Paris est monnaie courante, il en va de même pour les intoxications alimentaires. Pas toujours de la plus grande des fraîcheurs, l’huître va même jusqu’à causer de nombreuses morts à la Cour de Versailles. À tel point qu’en 1759, un édit royal en interdit la pêche et la vente durant la période la plus chaude l’année, soit du 1er avril au 31 octobre. C’est ainsi que naît la coutume de ne pas manger d’huître lors des mois en « r ».
Cet édit permet par la même occasion de réguler la consommation des huîtres très appréciées pour leurs possibles propriétés aphrodisiaques. Une bonne nouvelle car ce succès provoque l’épuisement des bancs naturels. En 1790, l’abolition de la gabelle (l’impôt sur le sel) entraîne le déclin de la culture du sel. De nombreux marais salants sont alors transformés en parcs d’élevage, parmi eux Arcachon, l’île de Ré ou ceux de la baie de Saint-Brieuc.
Pourquoi mange-t-on des huîtres à Noël ?
Aujourd’hui, le transport frigorifié permet de consommer des fruits de mer tout au long de l’année sans danger. Pourquoi alors en mange-t-on plutôt à Noël ? Tout d’abord car l’huître reste un produit onéreux, c’est donc un plaisir que l’on réserve pour certaines occasions seulement. Ce prix élevé, on le doit au fait que le coquillage, et sa reproduction, est fragile et connaît aujourd’hui encore une consommation pas toujours raisonnée. L’ostréiculture est donc soumise à de nombreuses règles qui permettent de conserver le précieux fruit de mer.
La seconde raison est, qu’à Noël, les huîtres sont de la meilleure qualité possible. Le reste de l’année, elles sont en période de reproduction et produisent du lait, un liquide blanchâtre peu appétissant. On dit alors qu’elles sont « laiteuses ».
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