Sorti en novembre 2023, La Passion de Dodin Bouffant a divisé les cinéphiles. Je vous partage ici les bons et mauvais aspects avec, en prime, mes recommandations de films de cuisine !
Adapté par le réalisateur Trân Anh Hùng, La Passion de Dodin Bouffant a fait l’objet d’une forte médiatisation à sa sortie. Après avoir obtenu le prix de la mise en scène par Cannes, le film représentera la France aux Oscars, une décision qui divise. Je vous explique ici pourquoi (attention, spoilers !).
De quoi parle le film La Passion de Dodin Bouffant ?
Eugénie, cuisinière hors pair, est depuis 20 ans au service du célèbre gastronome Dodin. Au fil du temps, de la pratique de la gastronomie et de l'admiration réciproque est née une relation amoureuse. De cette union naissent des plats tous plus savoureux et délicats les uns que les autres qui vont jusqu’à émerveiller les plus grands de ce monde. Pourtant, Eugénie, avide de liberté, n’a jamais voulu se marier avec Dodin. Ce dernier décide alors de faire quelque chose qu’il n’a encore jamais fait : cuisiner pour elle.
Le film est une adaptation du livre « La Vie et la Passion de Dodin-Bouffant, gourmet », publié en 1924 par Marcel Rouff. Il se serait inspiré de Camille Cerf, fondateur de l'Académie du Goût et du critique culinaire, Curnonsky, tous deux connus pour les splendides repas qu’ils servaient à leurs convives.
Les points positifs du film
C'est indéniable, ce film est un régal à regarder, chaque scène vous met en appétit. Poularde à la truffe, turbot sauce hollandaise ou omelettes norvégiennes… Même en ayant mangé avant, vous aurez faim ! C’est une réussite visuelle.
J’ai beaucoup apprécié le travail de recherche de l’historien de l’art culinaire, Patrick Rambourg, ainsi que les conseils culinaires du chef Pierre Gagnaire. Chaque mets, chaque geste convient à cette époque, il n’y a aucun anachronisme, ce qui est rare dans les films historiques.
Le duo que forment Juliette Binoche et Benoît Magimel marche bien à l’écran. L’amour que leur personnage se porte est délicat, plein de pudeur, sans être niais. Elle, est une femme éprise de liberté, lui est épris d’elle mais respecte son besoin. C’est sain et agréable.
Le film marque une vraie pause dans nos journées mouvementées. On suit chaque recette, chaque étape et chaque geste comme si on était en cuisine avec eux. Une pause agréable qui a malheureusement été exagérée…
Les points négatifs du film
Une fois passé le plaisir des scènes de cuisine, on se demande quand va débuter l’histoire. Mauvaise nouvelle : il n’y en a pas. Vous voilà bloqué(e) durant 2h15 à ne regarder que des scènes de cuisine ou de dégustation, rien de plus. Pour la première fois depuis longtemps, je me suis tâtée à partir, mais je n’en ai rien fait, étant certaine que l’histoire allait débuter tôt ou tard, eh bien non.
Le pompon a été cette scène dans laquelle on assiste à la dégustation du pot-au-feu et du dessert à la poire par Juliette Binoche. Ça avait l’air délicieux, mais quel dommage de la faire durer si longuement !
Au-delà des longueurs du film, j’ai également regretté les envolées poétiques de Dodin Bouffant et de ses convives. J’ai eu l’impression d’assister à un concours de citations (« L’homme doit au vin d’être le seul animal à boire sans soif », « La découverte d’un mets nouveau fait le bonheur de l’humanité bien plus que la découverte d’une étoile »). Pfff !
Pareil pour ces grandes dissertations sur des chefs (Antonin Carême et Auguste Escoffier coucou) ou des mets (ex : le pouvoir d’isolation thermique du blanc d’œuf battu sur l’omelette norvégienne). Ça aurait pu être intéressant, mais j’ai trouvé que ces dialogues créent un fossé avec les personnes qui n’y connaissent pas grand-chose à la cuisine.
Alors, ça vaut le coup ?
Avant de voir le film, sachez que ce n’est un film ni de divertissement ni d’action. En fait, c’est une suite de recettes plus appétissantes les unes que les autres. La beauté des plans va vous frapper, mais il se peut qu’au bout de 40-45 minutes vous trouviez le temps long. Il y a vrai parti pris de la lenteur qui n’est pas désagréable, à condition d’être prévenu.
En conclusion, je ne conseillerai pas ce film, mais je ne le déconseillerai pas non plus. C’est une ambiance particulière qui plaira certainement aux amateurs de cuisine, mais qui ennuiera peut-être ceux qui ne sont pas du milieu. Je trouve ça dommage de ne s’adresser finalement qu’à un public déjà converti, mais peut-être que je me trompe…
Anecdotes et recommandations
Et pour bien finir, voici trois anecdotes sur le film !
Contrairement au film, dans le livre, Dodin n’épouse pas Eugénie, mais Adèle, la cuisinière qui la remplace à sa mort.
Il y a eu plusieurs restaurants Dodin Bouffant : un en 1937, dans les Jardins du Pavillon de l'Ile de France lors de l'Exposition Internationale des Arts et Techniques, mais aussi à Boston en 1974 ou encore à Paris en 1978
Le pot-au-feu décrit dans le livre est devenu si célèbre qu’il est nommé pot-au-feu Dodin-Bouffant et a été servi dans des établissements tels que le Fouquet’s, chez Maxim’s ou encore au Meurice par l’intermédiaire du chef Yannick Alléno.
Si vous aimez les films sur la cuisine, j’en ai plusieurs à vous proposer ! Le premier est "Le Chocolat" dans lequel joue aussi Juliette Binoche, c’est l’un de mes films préférés ! Dans un style plus sérieux, je vous propose "Le Menu" dont la fin vous laissera sans doute pantois ! Et enfin, si vous souhaitez quelque chose de plus léger, je vous conseille le film "À Vif !" avec Bradley Cooper et Omar Sy. Bon visionnage !
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