Il en existe des noms étranges dans le lexique culinaire français, le pain perdu n'y fait pas exception. C'est vrai, pourquoi dire d’un pain qu’il est perdu ? Pour le savoir, il faut faire un petit retour historique gourmand à souhait.
Un œuf, du lait, un peu de sucre vanillé… Il ne vous reste plus qu’à y plonger votre pain rassis ou votre brioche vieille de quelques jours, de poêler le tout et l’affaire est jouée ! Vous l’aurez reconnue, la recette du pain perdu est on ne peut plus simple et bien pratique pour les gourmands à petits budgets. En revanche, son nom est bien étrange… Laissez-moi vous raconter son origine.
Aux origines du pain perdu
Comme souvent avec les recettes pratiques et faciles, celle du pain perdu date d’il y a bien longtemps, si longtemps qu’il faut remonter à la Rome antique. À cette époque, la célèbre recette ne s’appelle pas encore comme cela. La première mention est retrouvée dans un livre de cuisine De re coquinaria [Au sujet de la cuisine] écrit par Marcus Gavius Apicius. Le gastronome romain y parle de « pultes tractogalate », un plat ressemblant à des beignets de farine trempés dans du lait et frit à l’huile servi avec du miel.
Peu chère et idéale pour consommer du pain rassis, la préparation est très souvent utilisée chez les classes populaires au fil des siècles. Elle leur permet de ne pas jeter de la nourriture par souci économique ou par connotation religieuse. La recette, telle que nous la connaissons aujourd’hui, apparaît seulement à partir du XVIIe siècle. Jusque-là plat de pauvre (tout comme la soupe à l’oignon), le pain perdu est de plus en plus apprécié chez les aristocrates et devient même un des mets favoris de Henri IV.
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Pourquoi le pain perdu s’appelle-t-il comme ça ?
C’est cet engouement qui permet à la recette de s’exporter partout dans le monde, notamment au Canada et aux États-Unis où les colons irlandais s’exilent après la Grande Famine. Ce sont d’ailleurs eux qui lui donnent le nom de « french toast ». Attention, rien avoir avec une reconnaissance des prouesses culinaires françaises car « to french » signifie en vieil irlandais « trancher ». Le nom a depuis perduré car la référence française donnait un air raffiné au dessert (et permettait ainsi d’augmenter son prix de vente).
Quant au « pain perdu » français, il existe deux explications possibles. La première viendrait tout simplement du fait que la recette permettait de ne pas jeter de pain et ainsi de ne pas le perdre. La seconde explication tiendrait au fait que l’on en mangeait le premier lundi après l’Épiphanie, un jour de congé « perdu ». En Flandre, on parle de « gewonnen brood » soit « pain gagné » … puisqu’il n’est pas perdu !
La recette du pain perdu
Ingrédients pour 2 personnes :
2 épaisses tranches de brioche ou de pain (rassis ou non)
1 œuf
5 centilitres de lait
1 cuillère à sucre de sucre vanillé (facultatif si vous servez le pain perdu avec de la pâte à tartiner)
Les étapes de la recette :
Mélangez le lait, l’oeuf et le sucre dans un bol un peu plat. Trempez les tranches de brioche ou de pain puis poêlez-les dans du beurre. C’est tout ! Vous obtenez un super petit-déjeuner, un dessert moelleux ou un goûter consistant.
On déguste le plus souvent le pain perdu dans sa version sucrée, mais il peut être intéressant d’en servir des salés. Pour cela, misez sur du saumon, du fromage (un pain perdu gratiné au comté, miam !), voire de la truffe.
Si vous préférez vous en tenir à la version sucrée, vous pouvez tenter d’autres goûts que le sucre vanillé. Par exemple, testez avec de la compote, de la cannelle, de la confiture de lait, des fruits (mangue, fraise, ananas, banane flambée…), ou simplement de la pâte à tartiner, de la confiture ou une boule de glace vanille.
La véritable recette du pain perdu | Archive INA | 1976
Sources :
Vous savez à présent tout sur le pain perdu ! À votre tour d'en faire !
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